Prix du Manuscrit 2023 : interview du lauréat

Olivier Cojan a remporté le 19e Prix du Manuscrit de la Beauce et du Dunois pour son roman Souvenirs perdus lors de la Biennale du Livre de Châteaudun le dimanche 26 novembre 2023. Entretien.

Olivier Cojan, pouvez-vous nous rappeler votre parcours ?

Même si j’avais le projet d’écrire depuis longtemps, je n’ai publié que très tardivement. Avant, dans une autre vie, j’étais instituteur et directeur d’école, ce qui occupait la plus grande partie de mon temps. Le premier texte que j’ai écrit était un récit marathonien qui avait pour titre Cours, cours camarade… C’est sans doute la pratique de l’effort d’endurance de la course hors stade et du marathon qui m’a donné le goût d’écrire une longue saga familiale qui, d’une génération à l’autre, puis à la suivante, embrasse toute la durée du XXe siècle dans le petit coin de la campagne drouaise où je passais une partie de l’été chez mes grands-parents.

Que racontez-vous dans Souvenirs perdus ?

Pour que mon propos garde ce qu’il faut de légèreté, j’ai inclus le fait divers tragique qui est au cœur de ce roman, dans une fiction. Ce sont des personnages sortis de mon imagination qui nous font découvrir un odieux abus de pouvoir qui, lui, est bien réel et n’a, hélas, rien d’une invention romanesque. Le 21 août 1944, une jeune jeune femme est assassinée par de pseudos résistants qui se disent investis d’une mission patriotique de justice et de vengeance. Je m’attache à montrer l’enchaînement sordide et mesquin des faits qui conduisent à cette tragédie, ainsi que les remords de ceux qui n’ont pas su, ou pas voulu, s’opposer à cette forfaiture. Évidemment, le poids du silence et de l’oubli qui a si longtemps recouvert cette malheureuse affaire est un élément essentiel de ce roman.

En quoi ce sujet est important pour vous ?

Ce fait divers, qui remonte à plusieurs décennies, a eu pour cadre Nogent-le-Phaye, là où je vis. J’ai pu rencontrer des membres de la famille victime de cette crapulerie. L’injustice me révolte et me révoltera jusqu’à mon dernier souffle. Je devais écrire ce livre pour que celle-là soit publiquement dénoncée, même si je suis sans illusion sur la portée que peut avoir un livre.

Qu’avez-vous ressenti à l’annonce des résultats du Prix du Manuscrit de la Beauce et du Dunois ?

J’étais heureux évidemment, d’abord parce que c’était une reconnaissance de mon travail et puis, j’étais heureux aussi pour ceux qui m’accompagnent et me soutiennent : Annie, mon épouse, mes enfants, mes amis et, bien sûr, Christophe Prat, mon éditeur, qui a su mettre en valeur les textes que je lui ai soumis ces dernières années. Et puis, je l’ai dit le soir du 26 novembre : ce prix réparait un peu de cette injustice qui est au cœurs de ces « souvenirs perdus ».

Que vous a dit le jury à propos de votre ouvrage ?

Après la proclamation du palmarès, j’ai rencontré plusieurs membres du jury qui sont venus me féliciter. Ils ont été sensibles à l’émotion qui se dégageait de cette histoire et à ce qu’elle avait d’universel. Bien que les manuscrits soient anonymes, certains jurés, qui m’avaient lu par ailleurs, ont reconnu mon style et ma façon d’alléger le propos par un trait d’humour de temps en temps. C’est bien sûr cette dernière remarque qui m’a fait le plus plaisir…

Vous avez une histoire particulière avec le Prix du Manuscrit de la Beauce et du Dunois puisque vous l’avez remporté une première fois en 2015. Que représente-il pour vous ?

C’est un prix important, unique en son genre parce qu’il récompense un livre en devenir. Au fil des années, il s’affirme comme l’événement littéraire de l’automne en Eure-et-Loir. Et pour moi, il revêt une importance toute particulière : c’est par le Prix du Manuscrit que tout a commencé. En 2015, je n’avais jamais rien publié ; grâce au Prix, j’ai rencontré Christophe Prat et les Éditions ELLA. Ce fût le début d’une grande et belle aventure éditoriale. Non seulement Christophe a publié les six volumes de ma saga Le Pays où vont mourir les rêves et mes autres textes, mais toute la saga a été reprise et publiée en livres de poche par Pocket qui a assuré une diffusion nationale à mes livres. Sans le Prix du Manuscrit de la Beauce et du Dunois, rien de de tout cela ne serait arrivé.

Quelles sont vos actualités ?

En dehors des salons, dédicaces ou autres présentations de mes livres en bibliothèque, j’ai encore un gros travail à fournir pour amener le manuscrit de Souvenirs perdus à sa forme définitive et publiable. Et puis, je travaille sur un prochain roman à la fois historique et profondément ancré dans le terroir Beauceron. Mais si beaucoup d’autres projets d’écriture me trottent dans la tête, je tiens à garder du temps pour ma famille, rire avec mes amis et goûter au petits plaisirs du temps qui passe.   

En 2024, le Prix du Manuscrit de la Beauce et du Dunois fêtera ses 20 ans ! Si vous souhaitez présenter un manuscrit pour la 20e édition, nous vous invitons à consulter le règlement de participation.

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